jeudi 4 septembre

Le jour me tire du lit... et la nuit n'a pas été si reposante que je l'aurais voulu. J'ai eu beaucoup trop chaud et malgré les cloisons boisées j'entendais quand même ces satanés grillons, le train et l'autoroute.

Mais bon, il fait beau et la journée s'annonce belle encore une fois. Alors malgré le peu de sommeil, je suis en super forme !!

Il est 7h, je me fais un solide petit déj avec pamplemousse, pain, fromage...

Le petit déj devant "chez moi"...

A 9h30 tout est remballé, j'ai pris ma douche et je suis prête à partir. Je vais prendre congé des gérants du camping. Les cyclistes arrivés hier soir sont passés 15 fois devant moi sans un regard, sans un bonjour...

Décidément, ce sont vraiment de drôles de gens.

En revanche, je vais saluer la dame et le monsieur qui tiennent le camping et le tennis... Ils sont vraiment adorables. Nous discutons un peu et je prends congé.

Je prends la route de Fischammend pour ensuite tirer plein sud vers les montagnes. Je commence d'ailleurs à les voir se découper sur un ciel de plus en plus noir. Ca ne me dit rien qui vaille, de plus n'ayant pas très bien dormi, je suis assez naze et je ne me sens pas le courage d'affronter une journée de pluie à moto.

Bref, s'il se met à pleuvoir, c'est décidé, je me cherche une chambre et je pose ma journée de congés !!! De toutes façons, j'ai une journée d'avance sur le planning. J'avais plus ou moins envisagé de retourner à Vienne aujourd'hui, mais j'ai assez marché hier et je n'ai plus envie d'être en ville... J'aspire vraiment à retrouver les petites routes, la campagne, le calme, la verdure...

Je continue sur Wiener Neustadt. C'est là que prend fin, au sud, la plaine du Danube. Je trouve les premières grandes forêts de Pin d'Autriche... il n'a pas usurpé son nom celui là...!!

Je m'approche des montagnes et les villages sont de plus en plus jolis, et typiques.

 

Je longe la route que j'ai vu bordée de vert sur ma carte et ma fois, les cartes ne mentent pas... la route est superbe. D'ailleurs, je croise de plus en plus de collègues motorisés... Les autrichiens, comme les allemands en Forêt Noire, je le constaterai plus tard, sont très sensibles à la prévention, notamment en ce qui concerne les motards... (en revanche, quand on voit le comportement des motards allemands dans nos petits cols vosgiens... je me demande bien à quoi ça sert...)

Je vois nombre de panneaux tous plus choquants les uns que les autres... Celui là est "gentil", il prévient que les glissières de sécurités sont dangereuses... Mais nous en découvrirons plus tard qui sont un peu plus "hard" !!

Au pied d'un col, je tombe sur un petit coin de pays spécialisée dans la production de charbon de bois

 

Quand je vous dis que la route est belle...

Je traverse un village où se trouve un drôle de théâtre...

 

Dans ce petit paradis, les habitants ne manquent pas d'humour...

"Sorties de Maisons : attention !! ici vivent 1 chien, 3 coqs, 3 chats et 2 lièvres, roulez lentement"

Les grosses fermes isolées, bien installée dans leur écrin de verdure, se succèdent...

Tiens, une touriste...

 

J'arrive à Mariazell, petite ville très jolie avec une magnifique basilique et une ruelle pleine de boutiques à "bondieuseries" !!

La Basilique est énorme comparée à la taille du village...

 

C'est aussi un but de balade pour les motards du coin visiblement car il y en a un sacré paquet. Ce qui me fait penser que la route que je vais prendre doit être agréable en moto si elle est si fréquentée !!

Ce sont majoritairement des Harley, ou en tout cas des chopper... et en plus, des motards comme je les aime... hum hum... je ne dirai rien, par respect pour ceux qui roulent avec le même type de moto, mais qui ne font pas partie de ce genre là, justement.

Bref, pas un bonjour, pas un signe, un comportement honteux dans la ville, et un faciès qui entraine au délit !!!

Je m'arrête faire quelques photos, et passe vite mon chemin pour filer sur la région de Wildalpen (les Alpes sauvages), magnifique. La route est de plus en plus belle, et les maisons en bois foncé et aux volets verts sont légions ici. Inutile de dire qu'elles sont très fleuries et bien arrangées. Un vrai décor... La région est également très boisée et très vallonnée, mais quoi de plus normal... j'arrive dans le Tyrol.

 

Je fais une pause auprès d'une jolie petite chapelle, au calme,
à proximité d'un cimetière où il doit faire bon reposer

Je ne vois aucun radar sur la route, en revanche, c'est truffé de flics partout, sur les petites routes viroleuses en pleine montagne. J'ai vu un motard planqué, en liaison avec les collègues qui sont un peu plus loin près à intervenir. Comme je respecte la vitesse limitée, je ne me fais pas de soucis. Les limitations sont à 80 mais la plupart du temps à 70 km/h, surtout en montagne. Et à priori, ça ne rigole pas... Ça change de la façon de conduire des Polonais et autres Tchèques ou Slovaques, en tout cas.

Ce qui est impressionnant ici, ce sont les tas de bois sur le bord des routes, gigantesques, à tous les coins de route, près ou loin des villages, et pas un morceau qui dépasse... des tas de bois magnifiques à faire pâlir le meilleur des bûcherons !!

Le bois est au cœur de la vie ici... tout est en bois. La moindre cahute sur le bord de la route, le moindre pont, la moindre grange, les oratoires, les chapelles...

 

Je longe une rivière qui court au fond d'un vallon... je me traîne, c'est vraiment trop beau...

L'horizon s'ouvre de plus en plus pour faire place à une large vallée verdoyante, que ferment quelques massifs aux sommets impressionnants, même de si loin.

Tiens... une bébête...

Oh... une autre !!!

Me voilà arrivée à Bad Aussee où je compte m'arrêter pour la nuit.
Joli non ?

Finalement, je n'ai pas eu si mauvais temps que ça... mais je n'ai pas très envie de monter ma tente... je cherche un camping avec des "Hüttes" mais n'en trouve pas. En revanche, la dame du camping où je me suis arrêtée me propose une chambre à 39 euros (ou 30 euros sans le petit déj...) c'est trop cher. Je refuse et poursuis ma route. De plus, le camping et l'hôtel sont au bord de la route, le coin n'est pas super.

Je m'arrête à l'office du tourisme du patelin d'après, Grundlsee et là, je me renseigne. La petite dame de l'office me propose deux maisons d'hôtes où la chambre, petit déj compris, est à 28 euros. Cool, je vais voir à la première adresse qu'elle m'a indiquée. C'est chez Frau Schultz, juste à côté de l'OT. Je sonne et attends un bon moment, à tel point que j'ai failli repartir pensant qu'il n'y avait personne.

Je vois soudain une très vieille dame arriver. Elle ouvre, me regarde bizarrement (il faut dire qu'après 8h passés sous le casque, j'ai une tête à faire peur !!) Je lui demande si elle a une chambre de libre : ok

Je vais la voir et ça me convient. Une mignonne petite chambre au deuxième étage de la maison, avec vue sur les montagnes, à l'arrière, au calme. La douche est au 1er étage, dans une petite pièce à côté d'un petit coin où frigo et congélateur sont à la disposition des hôtes. Avec tout ça, j'ai droit à un garage fermé... où je pourrai laisser la moto, mes valises et mon sac... ça me fait un peu suer de monter toutes mes affaires au 2è étage.

Je m'installe, je vais faire mes courses à la petite épicerie locale et passer quelques coups de fils à la cabine téléphonique. Le village est vraiment très joli, au bord du lac du même nom "Grundl See". Comme il n'est pas très tard, je prends une bonne douche et pars à la découverte du village qui surplombe le lac.

L'église est située dans la partie haute du village, qui est accroché à flanc de montagne, sur les rives du Grundl See. Elle est faite de pierres et de bois, et le cimetière à proximité a une vue imprenable sur le lac.

La petite rue que je prends grimpe à travers la montagne et est bordée de maisons magnifiques

 

Un coq très fier garde l'entrée d'une d'elles

 

Les vues sur le Grundl See sont saisissantes.

et la promenade le long du lac très agréable

Voici la maison de Frau Schultz où je réside...

Je vous présente la vue depuis ma chambre...

C'est un coin vraiment calme et reposant, du coup, je décide de rester deux nuits. Je préviens la petite dame et prévois ainsi d'aller faire le tour des lacs du coin demain, sans les bagages et sans avoir à me mettre en quête d'un toit pour le soir...

Je demande à Frau Schultz si je peux utiliser mon réchaud dans la chambre, elle n'y voit pas d'inconvénient, mais me propose si je le veux de me chauffer ma soupe. Elle m'invite même à m'installer sous la véranda pour manger.

Sympa...

Du coup, ma soupe chauffée, elle insiste pour me donner une assiette, un verre... du pain et la voila qui me dresse un couvert sous la véranda, pour que je puisse profiter des derniers rayons du soleil, vient s'installer sur le banc à côté de moi et nous commençons à discuter.

Je sens bien que sa première appréhension a disparu. Néanmoins, elle est effarée, pour ne pas dire effrayée, lorsque je lui raconte ce que j'ai fait depuis deux semaines... que je dors en camping seule, que je voyage seule...

Mais elle commence à se laisser apprivoiser et à me raconter un peu sa vie. Elle aime beaucoup les français, car son mari et elle ont accueilli deux "prisonniers" français pendant la guerre, un mec de Nantes et un de Lyon. Après la libération, se sont devenus des amis, ils sont décédés aujourd'hui, mais leurs fils sont venus la voir, et son récit était très émouvant. Elle avait les larmes aux yeux aussi en le racontant. C'était une soirée très spéciale.

A la fin de la soirée, je la quitte en la connaissant un peu mieux, et en la voyant autrement. Je pense qu'il en était de même pour elle. Je pense qu'elle avait besoin de me jauger un peu...

Je monte me coucher vers 21h et passe une excellente nuit, la fenêtre grande ouverte, réveillée par les sonnailles de 2 ou 3 vaches à proximité... 

Relevé du jour : 43817 km au compteur.